Externaliser le pilotage de la durabilité : la solution pour les PME ?
Aujourd’hui, intégrer le développement durable dans sa stratégie d’entreprise n’est plus une option, c’est une nécessité. Que ce soit pour améliorer la QVCT, réduire son empreinte carbone, respecter la biodiversité ou innover, chaque entreprise doit prendre en compte ces enjeux pour assurer sa pérennité économique.
Pourtant, de nombreuses PME peinent à s’engager pleinement dans cette démarche. Selon le Baromètre RSE 2024 de Vendredi et Kantar, trois grandes difficultés freinent leur action :
Le manque de ressources
La difficulté de mesurer le ROI (retour sur investissement)
Le manque de budget
Alors, comment structurer une démarche efficace, équilibrer les ressources disponibles et avancer progressivement sans exploser les coûts ? C’est ce que nous allons voir dans cet article.
1. Les clés d’un pilotage efficace des initiatives durables
L’engagement dans le développement durable est un travail de longue haleine. Ce n’est pas une case à cocher une fois par an, ni une liste de bonnes intentions, mais un véritable projet stratégique, qui nécessite rigueur et constance. Pour être mené efficacement, il repose sur trois piliers fondamentaux :
Une connaissance sectorielle approfondie : comprendre les spécificités de son secteur permet d’adapter les actions et d’identifier les leviers pertinents.
La maîtrise des enjeux du développement durable : décrypter les réglementations, les attentes des parties prenantes et les bonnes pratiques pour aligner l’entreprise sur des objectifs concrets.
L’expertise en gestion de projet : piloter, structurer, coordonner les actions pour s’assurer qu’elles avancent réellement. Cela inclut aussi l’amélioration continue (analyser, ajuster, évoluer en permanence) et la conduite du changement (embarquer les équipes, donner du sens, motiver sur le long terme).
Sans un suivi précis, la meilleure des stratégies peut vite tomber à l’eau. Il faut maintenir l’énergie autour du projet, savoir faire évoluer les plans et suivre les indicateurs en continu. C’est cette dynamique qui fait la différence entre une démarche symbolique et une transformation réelle.
Mais pour y parvenir, encore faut-il avoir les bonnes compétences en interne… et c’est là que les choses se compliquent.
2. Recruter une ressource dédiée : un pari parfois difficile à assumer
Pour certaines entreprises, recruter un responsable dédié au pilotage des initiatives durables est une excellente décision. À partir d’une certaine taille, cela se justifie pleinement. Mais pour une PME, est-ce toujours la meilleure solution ?
Souvent, la réponse est non. Pourquoi ? Parce que :
Un temps plein n’est pas forcément nécessaire : dans beaucoup de PME, les actions à mener ne justifient pas un poste à 100 %.
Trouver le bon profil est un vrai défi : il faut quelqu’un qui maîtrise à la fois le secteur d’activité, le développement durable et le pilotage de projet. Un profil rare, encore plus dans certains territoires où le recrutement est difficile.
Les PME de certains secteurs peinent déjà à attirer des talents : alors ajouter une expertise aussi spécifique n’arrange rien.
C’est là que l’externalisation RSE à temps partagé devient une solution particulièrement adaptée.
3. La fausse bonne idée de la double casquette
Pour contourner ces difficultés, de nombreuses entreprises choisissent de confier ces sujets à un salarié en interne, en plus de son poste habituel. C’est tentant : cela évite un recrutement et mobilise quelqu’un qui connaît déjà l’entreprise.
Mais dans la réalité, cela pose vite problème :
Manque de temps : entre ses missions habituelles et ce nouveau rôle, la personne est vite débordée.
Manque de compétences spécifiques : piloter ces projets demande des connaissances et une expertise en développement durable. Une formation s’impose.
Manque de transversalité : une démarche durable doit impliquer tous les départements (RH, production, finance, commercial, etc.). Si elle est portée par une seule personne isolée, elle perd en efficacité et en impact. Cet isolement est source de frustration et démotivation.
Manque de neutralité : certaines actions ou décisions peuvent générer des conflits internes en raison d’intérêts divergents entre les services ou la direction. Une personne en interne aura du mal à remettre en question certaines décisions stratégiques, ce qui est pourtant essentiel pour assurer la performance de la démarche.
D’ailleurs, les grandes entreprises ont tiré des leçons de cette erreur : elles ont progressivement fait de la durabilité un service à part entière, plutôt qu’un sujet rattaché à un département existant.
Pour les PME, il faut adopter la même logique et éviter ces erreurs.
4. Pourquoi externaliser le pilotage de ses initiatives durables ?
Face à ces constats, de plus en plus de PME font le choix de l’externalisation RSE en temps partiel. Concrètement, cela signifie faire appel à un opérateur de projet externe, qui viendra structurer, animer et piloter les initiatives durables de l’entreprise quelques jours par mois.
Quels sont les avantages ?
Une expertise immédiate et adaptée : pas besoin de former quelqu’un, l’expert arrive opérationnel.
Une vision neutre et transverse : un regard externe permet de poser les bonnes questions et de structurer une démarche ambitieuse.
Un gain de temps et une meilleure efficacité : l’entreprise se concentre sur son cœur de métier tout en avançant sur ces sujets.
Une maîtrise des coûts : une solution plus accessible qu’un recrutement en interne, avec une adaptation possible selon les besoins et les ressources disponibles.
Une flexibilité totale : quelques jours par mois suffisent pour maintenir une dynamique et un suivi rigoureux.
Mais attention : externaliser ne signifie pas déléguer en mode automatique. Pour que ça fonctionne, il faut un vrai ancrage local.
Un projet RSE ne se pilote pas uniquement à distance. Beaucoup de choses se jouent dans les discussions de couloir, les échanges informels, les petits moments où une idée germe et prend vie. C’est pourquoi il est essentiel que l’opérateur de projet RSE à temps partagé soit présent dans l’entreprise, sur le terrain.
Créer une dynamique, embarquer les équipes, capter l’énergie du projet… tout cela nécessite une présence physique et une approche humaine.
5. Conclusion : Une alternative pragmatique, pensée pour les réalités des PME
Il n’y a pas de solution miracle. Chaque entreprise doit construire sa démarche en fonction de sa stratégie, de ses moyens et de ses priorités. Mais dans beaucoup de cas, l’externalisation RSE à temps partiel est une option efficace, agile, économique et rapide à mettre en place.
Cela permet de contourner les difficultés du recrutement, d’éviter les erreurs liées à la double casquette et d’accéder immédiatement à l’expertise nécessaire. Tout en s’appuyant sur les talents internes de l’entreprise.
Cependant, cela ne signifie pas que recruter une personne dédiée ou former un collaborateur en interne est une mauvaise idée. Au contraire, ces démarches sont essentielles et doivent être encouragées dès que les moyens le permettent. L’externalisation ne vise pas à remplacer ces approches, mais à les compléter en assurant un pilotage efficace et structuré des projets.
L’externalisation est la solution transitoire pour bien structurer une démarche dès le départ ou un modèle complémentaire sur le long terme. Un chef de projet externalisé en temps partagé, bien intégré dans l’entreprise, peut être le bon levier pour accélérer et structurer une démarche durable, tout en gardant un ancrage fort et une approche adaptée à chaque PME.